Donkafele, l’application qui digitalise le vintage africain

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Donkafele, l’application qui digitalise le vintage africain
Donkafele, l’application qui digitalise le vintage africain

La fripe, c’est chic ! La tendance du vintage s’est démocratisée en Europe et aux Etats-Unis. Là-bas, on ne compte plus les boutiques physiques et en ligne. Elles sont très prisées par la génération Z, qui veut consommer mieux. Comme la plateforme mondiale Vinted, Donkafélé a comme ambition de révolutionner le secteur du vintage, mais en Afrique cette fois-ci.

Le vintage, une histoire de passion

Mandy Mory Bah a 30 ans, il est le fondateur de Donkafélé. Issu d’une famille modeste, il a toujours été habillé dans les friperies par ses parents. D’abord par nécessité, puis par passion.

En 2015 déjà, son entourage s’interrogeait sur son look. Où trouvait-il ses vêtements uniques et originaux ? Il eut alors l’idée de leur faire découvrir les friperies africaines. Là où l’on part avec une idée précise, mais d’où l’on rentre avec un produit inédit.

En 2016 encore, la friperie n’avait pas une image positive au Sénégal. Ici, on aime le nouveau, pas moyen de porter des vêtements déjà utilisés auparavant. Alors vendre de la fripe en ligne en Afrique… certainement pas !
Pourtant, c’est le pari que Mandy Mory Bah s’est lancé. En effet, en voyant le succès fou du géant Vinted en Europe et à l’international, pourquoi ne pas reproduire le même modèle en Afrique ? Pour le nom, il s’inspire de ses origines guinéennes : Donkafélé signifie « porte pour voir ». C’est un slogan très utilisé par les vendeurs dans les marchés hebdomadaires. Ils le crient haut et fort pour inciter les clients à s’arrêter sur leur stand.

Donkafélé, une application de vente de vêtements vintage et produits de seconde main

Donkafélé est une application disponible sur Android et IOS. Elle permet à un utilisateur de créer un compte personnel. Celui-ci peut alors être vendeur ET client en même temps. Cette marketplace s’inscrit dans deux crédos : le vintage (la seconde main), et les designers indépendants.

Le vintage et la seconde main

On distingue deux types de vendeurs dans cette catégorie :

– Le premier, ce sont des particuliers, qui souhaitent tout simplement trier leur garde robe et pouvoir en tirer quelques sous.

– Le deuxième, ce sont plutôt des passionnés de friperie, qui vont arpenter les marchés locaux pour dénicher des pépites qu’ils pourront revendre via l’application. En effet, c’est un canal avec de grandes ambitions, qui promet une base de clients solide. Ainsi, de nombreux vendeurs passionnés peuvent profiter d’un outil pour monétiser leur passion.

Les designers indépendants

C’est là où les créateurs peuvent trouver un public large et varié. En effet, qu’ils soient dans les vêtements, dans les accessoires ou dans la lingerie, ils peuvent proposer leurs créations 100% made in Sénégal à une cible cohérente. Cohérente, parce que les utilisateurs de l’application sont dans le même état d’esprit que les vendeurs : Ils souhaitent acheter mieux.

Entreprendre tout en ayant de l’impact

La friperie au Sénégal est un écosystème colossal. Les vêtements de seconde main sont importés par milliers de tonnes chaque année dans le pays. Les Etats-Unis constituent le premier importateur de fripes, avec plus de 766 000 tonnes en 2018. La France, elle, se situe dans le top 10 des pays importateurs.

Mais pourquoi l’Afrique est-elle la destination des vêtements usagers occidentaux ?

Les tarifs douaniers ont été considérablement abaissés et les restrictions quantitatives supprimées, ce qui a ouvert la porte à des importations massives de friperie ». C’est ce qu’a déclaré Ahmadou Aly Mbaye, professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Parallèlement, les industries du secteur textile s’étaient retirées du Sénégal, laissant ainsi place aux friperies.

Deuxièmement, en termes de budget, il faut avouer que les fripes sont très accessibles financièrement parlant. On peut trouver un jean d’une grande marque pour seulement 500 Fcfa… ou une paire de chaussures de créateur à un prix dérisoire. Cela est dû au manque de connaissances du secteur de la mode des revendeurs, qui ne font pas de distinguos entre les produits et les marques.

Un impact positif non négligeable sur différents niveaux

Sur le site de YouMatter.World, on peut lire : « L‘industrie textile consomme 4 milliards de tonnes d’eau par an pour teindre 30 milliards de kilos de tissus. D’après l’ONU, il s’agit du second facteur de pollution de l’eau dans le monde ». De nombreux activistes plaident en défaveur de l’industrie de la mode actuelle. La fast-fashion prend une place trop importante et fait des ravages, tant sur la planète que sur les populations. Donkafélé, c’est un nouvel espoir pour l’Afrique. Celui de participer au ralentissement du système de consommation mondial par exemple.

La friperie vintage avec Donkafele, c’est aussi un espoir pour de nombreux consommateurs, qui sont ravis de pouvoir compter sur une solution innovante leur permettant de consommer mieux. L’entrepreneuriat responsable a de beaux jours devant lui, on parie même que c’est le secteur le plus prometteur…