Thérèse Mayé Diouf devient entrepreneuse dans l’agriculture bio

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L'entrepreneuse Thérese Mayé Diouf
L'entrepreneuse Thérese Mayé Diouf

Depuis quelques années, le monde du travail change. La COVID a été un événement déclencheur de la prise de conscience des populations qui sont de plus en plus en quête de liberté, de sérénité ou d’impact. Thérèse Mayé Diouf, devenue entrepreneuse après avoir été femme d’affaire, est l’exemple même de ce mouvement. Elle est forte de 20 ans d’expérience en tant que fonctionnaire internationale en Afrique et en Asie dans la gestion de programmes de développement de santé publique. Pourtant, elle a décidé de repartir à zéro. Elle a donc créé son entreprise sociale et solidaire : Growing Life.

Le parcours de l’entrepreneuse Thérese Mayé Diouf

Thérèse Mayé Diouf aime dire qu’elle est un pur produit Sénégalais. Fille d’enseignants, c’est du primaire à la maîtrise 2 qu’elle a étudié au Sénégal dans le secteur public.

Après une maîtrise d’Anglais, elle commence sa carrière professionnelle par un poste avec l’IRD. Elle décide par la suite de faire une maîtrise en Population, Développement et Santé de la reproduction à l’Université de Dakar. C’est après un stage entre le Ghana et le Burkina Faso qu’elle entame un 3ème cycle en Gestion de Programme de Santé Publique.

Par conséquent, elle enchaîne les postes à responsabilité durant plusieurs années. Thérèse Diouf se montre totalement dévouée à son travail. Une carrière d’expatriée débute : elle décroche un poste aux Nations Unies, au Laos puis au Bangladesh.

En 2014, la femme d’affaires décide de rentrer au Sénégal. Du parcours, Thérèse Mayé Diouf en a fait… puis, elle eut le déclic.

Un besoin de retour au vrai

Madame Diouf souhaite se retrouver, elle et sa famille. Elle a la volonté de changer de vie, de faire ce qu’elle aime profondément et d’avoir un impact palpable. En effet, elle ne compte pas lâcher ses engagements.

Lors de son expatriation au Laos, elle est en manque des produits de chez elle : le gombo et le bissap. Alors elle commence à planter ses semences pour sa consommation personnelle. De là, elle se passionne pour l’agriculture biologique.

Elle décide alors d’être entrepreneuse et de créer son entreprise sociale et solidaire : une exploitation agroécologique où elle contribuerait à la consommation de produits locaux, tout en aidant les femmes et les filles des zones rurales à devenir indépendantes financièrement.

Une décision fortement critiquée par sa famille, qui ne comprend pas pourquoi elle préfère quitter son confort salarial pour se lancer dans le monde de l’entrepreneuriat.

Growing Life, une exploitation agro écologique à Thiadiaye

Pas de business plan, Madame Diouf se lance à l’aveugle mais totalement déterminée à atteindre ses objectifs. Elle lance Growing Life, une ferme agroécologique située à Thiadiaye. L’entrepreneuse est spécialisée dans la production et la transformation agroalimentaire de produits BIO qui sont ensuite commercialisés au niveau national.

Réel complexe agricole, on y trouve la production de légumes et de fruits, un élevage de volaille fermière et organique ainsi qu’une production de céréales. Ici, les professionnels et particuliers s’approvisionnent en fruits et légumes rares, en poulets, canards, œufs mais aussi en plats cuisinés.

« Je dépends de ce que la terre veut bien me donner, et mes bailleurs de fonds, ce sont mes clients. Donc j’aimerais que chaque femme aujourd’hui, dans ma zone et au delà, puisse un jour pouvoir bénéficier de ça et ne dépendre de personne d’autre que de soi-même. »

Un projet d’agriculture bio, mais aussi une initiative sociale

Issue du milieu professionnel du développement et de l’aide aux populations, Thérèse Mayé Diouf ajoute des dimensions écologiques et solidaires à son projet. “Sur le plan environnemental, j’ai trouvé une parcelle où il n’y avait pas un arbre sur plusieurs hectares. Nous avons réussi à gagner cette bataille de reboisement. Nous avons aussi incité des voisins qui avaient des terrains nus à faire la même chose.

Concernant le volet social, Madame Diouf veut participer à l’autonomisation des femmes en zone rurale. .

En effet, en 2019, elle avait mis à disposition un terrain clôturé avec accès à l’eau d’environ 1 hectare à des femmes du village. Le but était de leur fournir un outil de travail en plus d’une formation avec un technicien. Malheureusement, les femmes ont vite décroché par manque de matériel automatisé. Ainsi, Thérèse a dû mettre ces initiatives en suspens. Elle s’est alors promis de travailler dur pour montrer à ces femmes que si elle en était capable, alors elles aussi.

L’entrepreneuse est consciente que l’assistanat n’est pas une solution de développement. En conséquence, elle souhaite donner aux femmes des outils, la terre et la formation, et leur apprendre à s’en servir pour créer leur propre richesse.

Une formation complète sur long terme

Une collaboration école/entreprise avec le CFP de Thiadiaye, pour créer un département en agriculture et élevage, est en réflexion. Elle se porterait volontaire pour financer ⅔ de la formation à une dizaine de filles, qui bénéficieront d’un suivi de 3 ans. À la finalité de celle-ci, Madame Diouf proposera un accompagnement à la création de leur entreprise. Ainsi, cette initiative permettrait de promouvoir l’entrepreneuriat agricole féminin dans la zone et de participer à la création d’emplois. Cette formation devrait commencer dans les mois à venir.

Des offres de stage aux collégiennes et lycéennes

Le second projet vise à soutenir les jeunes écolières. Les adolescentes issues des milieux ruraux sont souvent contraintes d’aller travailler à Dakar comme domestiques pendant les vacances scolaires. Elle prend alors l’initiative de proposer un programme permettant de les accueillir afin de les former au maraîchage et à la transformation. Les produits récoltés seront vendus et les bénéfices leur seront redistribués afin de financer leur scolarité, par exemple. Un suivi sera effectué jusqu’à leur baccalauréat afin d’éviter les décrochages scolaires.

Thérèse Mayé Diouf s’est servi de son expérience professionnelle pour créer une entreprise pérenne à impact. Soutien à la consommation locale, aide aux personnes défavorisées… elle nous confie en exclusivité : “Depuis un moment, je vois l’intérêt des femmes qui viennent elles-mêmes se renseigner. Celles derrière lesquelles je courais pour qu’elles viennent travailler ! Je voulais leur montrer que c’était possible et aujourd’hui, elles en voient la preuve. Je pense que cette année, tous ces projets pourront être réalisés.

Crédit photo : TCI