Le numérique prend de l’ampleur dans la formation au Sénégal

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Le numérique prend de l'ampleur dans la formation au Sénégal
Le numérique prend de l'ampleur dans la formation au Sénégal

En Afrique, de plus en plus de pays affichent un élan franc pour rattraper le retard sur le plan numérique. Handicapés par le manque d’infrastructures et d’équipements, ces pays africains souffrent pour la plupart d’un manque de formation. Et si la situation n’est pas meilleure au Sénégal, d’impressionnantes initiatives se mettent en place pour améliorer l’offre de formations et d’opportunités dans le numérique dans le paye. Du gouvernement aux acteurs privés nationaux et internationaux, tout le monde s’implique pour doter le Sénégal de développeurs, d’analystes de données, et divers autres spécialistes des métiers technologiques. Comment va la formation dans le numérique au Sénégal actuellement ?

Le numérique, un secteur plein d’avenir

Le paysage numérique Sénégalais est en train de connaître une transformation historique. En 2021, Google avait déjà publié une étude réalisée par le cabinet Acenture et qui révélait que si l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Nigéria, le Kenya et le Maroc sont les plus grands bassins africains de développeurs, la plus forte croissance se note au Sénégal.

Selon l’étude, le Sénégal a connu une croissance de 7,5% du nombre de codeurs professionnels recensés dans le pays en 2021, ce qui en fait l’une des puissances émergentes du code en Afrique. Depuis quelques années, le Sénégal met en œuvre maintes initiatives pour améliorer l’accès de sa population à des formations qualifiantes et former des jeunes capables de prendre les 35 000 emplois que le pays compte créer d’ici à 2025.

Au nombre de ses axes, il a accordé une place de choix au numérique en lançant en 2016 par exemple, le programme « Sénégal Numérique 2025 », un projet estimé à une valeur de près de 1,7 milliards d’euros et visant à créer des filières de formations sur le Big Data, le Cloud, l’Intelligence Artificielle, l’Internet des Objets, etc.).

Zoom sur le paysage de la formation dans le numérique au Sénégal

Quatre années après le lancement du plan « Sénégal Numérique 2025 » par le gouvernement sénégalais, c’est-à-dire en 2020, l’un des actionnaires de l’opérateur sénégalais Free (anciennement Tigo) installe une succursale de l’Ecole 42 à Dakar. Il s’agit du milliardaire français Xavier Niel. Ladite succursale est implantée sur le modèle du campus informatique gratuit lancé en 2013 dans la capitale française.

Ensuite, la dynamique s’est vite accélérée. Un an plus tard, le grand équipementier chinois Huawei sponsorise la création de l’ICT Academy au sein de l’institut supérieur informatique. De nombreuses startups ont profité de cette formation et peu de temps après, le Sénégal devient le 4e pays en Afrique en dépenses logicielles.

Puis les écoles de commerce s’y mettent. Par exemple en octobre 2021, la célèbre école de commerce BEM Management School en partenariat avec l’école d’ingénieurs française JUNIA située à Lilles, a lancé la BEM School of Technology au Sénégal. L’objectif était de permettre aux étudiants volontaires de se spécialiser dans le secteur du digital.

La BEM School of Technology est créée pour offrir une formation en informatique et une autre en technologies numériques. Les étudiants vont ainsi pouvoir se former pour devenir Développeur Full Stack, Analyste de données, chef de produit digital, etc.

Dans la foulée, plusieurs autres entreprises Tech internationales accentuent leurs investissements locaux au Sénégal et aident à l’entrée d’autres acteurs tels que la startup américaine Wave. Le mois d’avril 2022 a été marqué par l’inauguration du Dakar Institute of Technology, un institut qui propose des formations en Intelligence artificielle. Le Sénégal, Dakar précisément, devient l’une des plaques tournantes de la formation dans les technologies du numérique au Sénégal.

Après la formation dans le numérique, l’insertion et l’accompagnement : où en est le Sénégal ?

L’un des plus grands défis de l’Afrique, c’est la fuite des cerveaux. Les formations équipent les jeunes qui développent des projets solides et ambitieux. Cependant, il faut suffisamment d’acteurs pour assurer l’incubation et le financement de leurs projets. Pour ceux d’entre eux qui embrasseront le chemin de l’emploi salarié, il faudra régler la question de l’écart entre les salaires et le coût de la vie qui est la principale cause de la fuite des cerveaux. Le défi numérique sénégalais n’est donc pas seulement la formation, mais aussi la rétention des développeurs et autres spécialistes du numérique qui seront formés.

L’initiative Timbuktoo

Mercredi 17 août dernier, le PNUD a lancé l’initiative Timbuktoo annoncée depuis 2021. Il s’agit d’un programme visant à renforcer plus de 1 000 start-up africaines opérant dans des domaines technologiques tels que la fintech, la healtech, la greentech, l’agritech, la tourism tech, la tradetech et logistique et les villes intelligentes (smart city).

Timbuktoo, un projet à 1 milliard de dollars, sera exécuté en collaboration avec plusieurs acteurs privés et publics. L’initiative prévoit d’installer des hubs dans 8 villes africaines (dont Dakar au Sénégal) d’ici en 2023, afin d’encourager l’innovation et la réflexion et conception technologique en Afrique.

Les initiatives du gouvernement sénégalais pour la formation dans le Numérique

Le vendredi 15 juillet, le Ministère de l’Economie numérique et des Télécommunication en collaboration avec Marketing Solutions Center a lancé la phase de Dakar de sa formation gratuite de 2 500 jeunes aux numériques.

Ces derniers seront accompagnés jusqu’à leur formalisation en Gie ou en entreprise. De plus, une bourse de formation diplômant d’un an sera octroyée aux 100 meilleurs. Cette deuxième phase fait suite à la première phase qui s’est tenue à Thiès et qui a consisté à la formation et le financement de plusieurs GIE de jeunes.

Par ailleurs, depuis fin 2020, l’Office National de la Formation Professionnelle du Sénégal, a lancé une formation de 4 à 8 semaines et destinée à 1 000 jeunes issus de 14 différentes régions. Ces derniers pourront ainsi acquérir des formations spécialisées dans le digital. Pour la petite précision, 16 000 dossiers de candidatures ont été reçus. Cela indique à quel point le besoin de formation dans le domaine du digital est criard.

Ces formations permettent aux bénéficiaires de se lancer dans l’entrepreneuriat numérique et de saisir des opportunités dans le secteur du digital. Considérant le taux de chômage qui est évalué à 16% au Sénégal, on peut être certain d’une chose : La multiplication du numérique au Sénégal aura un impact final très remarquable sur l’économie du Sénégal.